Les changements du référentiel SST 2017 : le saignement abondant (part 1)

Nouvel article en 2 parties consacré aux changements du référentiel SST de Janvier 2017. Il s’intéressera à la séquence saignement abondant, qui concentre une partie des changements majeurs.

Préambule 

La cause de tout cela, le contexte depuis 2015 que tout le monde connaît, sauf à avoir hiberné dans une grotte depuis 4 ans : les attentats qui se sont déroulés en France. Lorsqu’ils surviennent, ces événements mettent en difficulté le secouriste amateur qui peut alors se retrouver face à plusieurs victimes qui saignent abondamment.

On pourrait largement discuter sur la pertinence de certains changements apparus en 2017. En réponse à l’émotion et l’inacceptable, il faut des mesures fortes, et les évolutions du référentiel SST de 2017 s’inscrivent dans cette volonté de prise en compte des événements. Mais quand même, combien de SST se sont un jour retrouvés face à de tels événements, combien de secouristes amateurs ont dû gérer en même temps plusieurs victimes d’urgence vitale ? Depuis que j’anime des formations secourisme du travail, aucun stagiaire ne m’a évoqué de telles situations catastrophes…

Il y a malheureusement une réalité en prévention, la gravité prime sur la fréquence. C’est à dire qu’un danger grave avec du visuel (sang, …) , de l’émotion (enfants, …) sera beaucoup plus médiatisé que des événements moins spectaculaires se répétant fréquemment.

Quelques exemple pour être sûr d’être clair :

Depuis Janvier 2015, les attentats en France ont fait près de 240 décès. En comparaison depuis cette date, plus de 20000 personnes sont mortes d’une chute lors d’un accident de la vie courante (maison, jardin, loisir, etc.), toutes les 4 minutes en France, une personne est victime d’un AVC, etc., etc.

L’acte isolé, même répété, fait moins parler que l’acte plus important à fréquence rare.

Qu’on me comprenne bien, je ne suis pas en train de remettre en cause le contenu du programme secourisme, ni même de vouloir bousculer la DGSCGC, l’ILCOR, l’ERC, l’ONS (si toi rien, comprendre à ces acronymes, alors toi cliquer ici), et encore moins de nier l’horreur des actes isolés à l’origine des changements. Mais tout en intégrant les modifications inévitables en secourisme, il est de notre ressort à nous, formateurs et formatrices, de donner au secourisme sa profondeur et son sens, et que l’on puisse y évoquer les attentats bien sûr mais aussi la conduite à tenir face à des événements moins « spectaculaires » mais auxquels feront plus probablement face les SST dans les années à venir (malaise, étouffement d’un enfant, traumatismes, etc.)

La compression manuelle

Ceci étant dit, intéressons nous aux changements apportés dans le référentiel 2017 au sujet du saignement abondant. La définition n’a pas changé mais il est important de rappeler qu’un saignement abondant est qualifié de tel lorsque une grande quantité de sang peut être perdue. En d’autres termes, ça saigne et ça ne fait pas semblant, et si rien n’est fait très rapidement la vie de la victime peut directement être menacée ! L’inconvénient du sang c’est qu’avec son visuel rouge et sa capacité à s’étaler facilement, le moindre saignement peut faire croire au secouriste amateur à quelque chose de plus grave.

La conduite à tenir face à un saignement abondant avant 2017 pouvait se retenir par le triple A : Appuyer (sur la plaie), Allonger (la victime), Alerter (les secours).

La démarche est la même en 2017, à la seule différence qu’on privilégiera une compression faite par la victime plutôt que par le secouriste. Si ce n’est pas possible, alors le SST se chargera lui-même de la compression.

Les raisons de ce changement sont doubles

  • Eviter pour le secouriste le contact avec le sang de la victime (possibilité de transmission de maladies, d’infections)
  • Garder les mains libres pour s’occuper d’autres victimes (rappelez vous la raison des changements avec le contexte attentat) ou alerter plus facilement les secours.

Dans le prochain article, nous nous intéresserons à la vraie nouveauté de ce référentiel SST 2017, j’ai nommé le retour du garrot.

D’ici là bonne lecture !

 

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